07/01/2006

Mais où en est vraiment Dorsal ?

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Voilà, cela fait un an que le chantier de mise en oeuvre de Dorsal a été lancé. Il en est donc à la mi-parcours de l’échéance concernant ses objectifs, le moment est donc propice pour tirer un bilan d’étape. Le fait est qu’il y a des choses à dire.

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Si le bilan doit être tiré, c’est au regard de deux choses, d’une part les progrès factuels dans l’accès aux offres avec l’indicateur clé qu’est la progression du dégroupage en région, d’autre part la visibilité sur l’avancement du chantier, le tout par rapport aux promesses effectuées au printemps 2005.
Développement du dégroupage.
Depuis douze mois, la carte du dégroupage montre quelques répartiteurs isolés développant du dégroupage à Limoges et Brive, aucun en Creuse. Le dégroupage observé concerne Neuf Télécom. Les autres opérateurs ne sont pas présents. Free annonce le second semestre 2006 sur son site et son DG, Michael Boukobza, annonce l’affaire pour le 6 septembre dans l’interview donnée à David avant-hier.
Le verre est donc à moitié vide ou à moitié plein, c’est selon. Dans leur communication, Axione et Dorsal parlent de “déploiement du haut-débit”, ce qui ne veut pas dire grand chose, mais qui peut expliquer un propos très axé sur le génie civil. Ce qui parle au consommateur, c’est pourtant bien la réalité consommable pour lui des offres “vues à la télé”, celles des principaux FAI. C’est en tous les cas bien comme ça que Michael Boukobza le formule, avec le mot “retard” bien affirmé et derrière un discours markerting bien rodé, l’écho d’une impatience affirmée à faire chauffer les combinés de hot-line par le consommateur régional. Cela étant dit, l’intérêt que porte Free à ce projet est assez réjouissant et significatif de ce qu’il représente pour les opérateurs alternatifs.
Pour finir sur le “déploiement”, on ne peut par ailleurs pas éluder l’accélération manifeste de France Télécom dans l’équipement ADSL de ses NRA. Un effet induit de Dorsal dont personne ne se plaindra.
En pratique, si vous voulez suivre le développement de l’offre ADSL vous concernant, identifiez le répartiteur qui vous concerne ici, puis allez vous abonner pour être informé de l’avancement du dégroupage le concernant .
L’incertitude WiMax.
Alors qu’au départ, Axione affirmait une ambition signifiante pour compléter sa couverture en WiMax, un certain flottement a pu être constaté ces derniers temps. Outre l’absence de réponse claire sur le bouclage entrevu l’automne dernier autour du tour de table des collectivités pour financer ce fameux complément de couverture, je crois que les contraintes réglementaires entourant cette technologie ont été sous-estimées. Il faut dire que l’ARCEP a pris son temps. On vient d’apprendre que les 35 candidats aux licences WiMax étaient retenus. Une bonne nouvelle mi-juillet pour le projet très certainement et l’occasion de nous dire enfin quand et comment cet aspect du chantier va être opéré. Ce serait le minimum.
Une communication dépassée.
À, la suite de l’écho que j’ai consacré au reportage publié par le JDN sur le développement du haut-débit par le département de la Seine et Marne, on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec la communication du projet Dorsal ici, où le moins que l’on puisse dire c’est que si la presse quotidienne locale est bien alimentée en informations de génie civil, l’internaute reste sur sa faim.
Ce n’est pas comme s’il ne s’agissait pas de technologies de l’information et qu’il ne soit pas incongru d’en rester à un rapport à l’internet limité à de l’information plaquette à l’heure de la société de l’information et des dynamiques sociales en ligne. À moins d’un an de la clôture du dossier, on est toujours sur une communication traditionnelle minimum, dénuée d’informations transparentes et vivantes sur l’avancée des choses, loin de ce qui était attendu.
Concrètement, il existe deux instruments officiels. D’abord une carte du “déploiement” disponible sur le site du Conseil Régional depuis un bon moment. Elle annonce les premières zones opérationnelles au premier trimestre 2006. Outre que la notion de “déploiement” devrait y être clarifiée, elle apparaît clairement obsolète. Deuxième outil, relevé par David, la présence d’un menu déroulant des communes limousines, au bout du scroll de la page consacrée à Axione Limousin sur le site de la maison mère. Pour certaines communes seulement, on obtient une indication du style “ le haut débit sera mis en service au 2 eme trimestre 2006“. Outre qu’il y est déjà grâce à l’opérateur historique, de quel haut-débit est-ce que l’on parle ? Ça ne veut rien dire. Ce n’est donc pas du côté institutionnel que l’usager va trouver son bonheur.
Car ce n’est pas comme si l’internaute n’avait pas des instruments à sa disposition plein l’Internet, notamment ceux précédemment cités. Il a tout ce qu’il faut pour avoir une réalité concrète de ce à quoi il peut prétendre et à quel horizon. Bref, tout ce qu’il faut pour constater et se demander pourquoi ce qui est possible ici ne peut pas l’être et de faire courir la rumeur sur ce que tout cela cache, avec au premier rang desquelles des incertitudes sur la concrétisation de la promesse de couverture totale.
Car ce n’est pas comme si les internautes ne cherchaient pas de l’information et ne les échangeaient pas. Depuis un an donc, les blogueurs locaux, ici, mais surtout chez David, sont en première ligne de l’information vivante et actualisée sur le projet, celle du dialogue en direct avec l’usager et des questions parfois “étranges” qu’il pose (un exemple normand avec cette discussion épique sur FING-CT). Le fait est que cela suscite des discussions passionnées (comme celle-ci) qui se font de plus en plus écho au manque d’informations officielles.
Mais surtout, nous recevons aussi notre lot de citoyens en quête d’informations sur l’avancée de l’offre sur leur commune et qui n’en trouvent pas dans les canaux officiels. David m’indiquait recevoir une bonne dizaine de mails par semaine, moi-même j’ai répondu à celui-ci la semaine dernière :

Je suis un particulier qui habite la commune de Folles 87250, plus précisément un hameau (xxx) a environ x km du bourg Sera-t’il possible de bénéficier alors du dégroupage, dans quels conditions, et à qui s’adresser ? Merci de votre réponse

Et ce n’est pas comme si ce projet n’était pas un enjeu vital de développement économique et que cela n’exige pas de mettre à disposition des acteurs économiques les moyens d’une visibilité claire et détaillée de ce qu’ils peuvent attendre.
En fin de compte, là où le projet pourrait créer les conditions de la confiance et du dialogue, constituer autour de lui une communauté active propice à voir émerger en son sein des porteurs de projets et du développement, il préfère laisser tout ce beau monde dehors. Ce n’est pas comme cela que se construit l’économie numérique.
Conclusion
Le projet est donc en retard par rapport à sa feuille de route, mais je pense que celle-ci était mal formulée. Elle ne tenait pas compte des lenteurs bureaucratiques, que ce soit dans les mises en chantier, par rapport au calendrier du WiMax, ou tout simplement dans la prise en compte du temps nécessaire à la négociation avec les opérateurs. Finalement beaucoup de choses à faire en même temps indépendamment du fait de monter une équipe d’Axione en local, ce qui est sans doute le facteur le plus négligé.
Aujourd’hui, Axione Limousin est installée et personne ne niera que le chantier n’avance pas et que l’on ne câble pas à tour de bras. Le WiMax va se débloquer dans les semaines qui viennent et des FAI de poids font le déplacement de Limoges pour venir expliquer leur stratégie limousine in-situ. C’est plus clair et c’est un beau symbole.
Alors oui, le projet est en retard, il a la pression, celle exigeante de ceux qui l’ont soutenu et celle qu’il s’est lui-même mise sur le dos. Maintenant, il semble sur les bons rails et on va croiser les doigts, moins pour le dégroupage ADSL qui s’annonce bien et qui est somme toute un aspect assez banalisé, que pour le complément de couverture et le WiMax.
Pour le reste, Axione autant que Dorsal ont de sérieux progrès à faire dans leur communication on-line. Quand on mène un projet de technologies de l’information avec les mots “développement” et “innovation” à la bouche, on doit se donner les moyens d’être en phase avec la réalité de la Société de l’Information, on doit en faire partie et y apporter une information claire et à jour. Ne pas le faire, c’est semer le doute et exclure l’usager qui sait s’organiser et trouver en ligne ce qu’il faut pour extraire l’information qu’on ne lui donne pas. Finalement, ce projet est exemplaire de l’obsolescence de la communication traditionnelle à l’heure du web 2.0.

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