03/17/2008

Que reste-t'il de Quaero ?

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Aujourd’hui se lance véritablement Quaero, 3 ans après le début de l’histoire, quand Jean-Noël Jeanneney s’était élevé face à la prise de position de Google dans la numérisation des livres. Sur fonds de politique d’innovation indutrielle, s’en était suivi de grandes envolées et autres initiatives colbertistes en parfait décalage d’avec la réalité de l’économie de la connaissance. Trois ans plus tard, les choses ont bien changées.


Trois ans se sont écoulés donc et au final on est bien loin des envolées fondatrices. Exit l’Europe, puisque les allemands sont partis seuls. Voici donc la France, autorisée par l’Europe à mener son propre programme. Au final, Quaero n’est pas et ne sera pas une sorte de concurrent à Google, c’est juste un chapeau, un programme qui rassemble, sous couvert de financement, un certain nombre d’acteurs, petits et grands, autour d’une thématique de recherche et d’innovation.
Trois ans plus tard, le vrai changement, c’est que l’AII et ces programmes réservés aux grands, cède la place à des instruments plus souples. Il faut dire aussi que, depuis 3 ans, une certaine prise de conscience s’est faite jour sur le fait que la politique industrielle oubliait complètement les PME, à l’heure où l’on découvre que la France en manque.
En ce qui concerne le net, on va peut-être gagner au moins un Secrétaire d’Etat à l’économie numérique prochainement, et avec lui un peu de visibilité si ce n’est de vision. Toujours est-il que la sortie de Quaero, si elle éclaire cette caractéristique très française, mais aussi européenne, que l’impulsion vient pour beaucoup du politique.
Tout cela s’inscrit aussi dans un contexte où, entretemps, le web s’est peuplé de quelques réussites qui se sont faites sans elle. Skyblog figure en bonne place dans la géopolitique mondiale des réseaux sociaux, DailyMotion ou NetVibes sont visibles, pour ne parler que d’eux. L’innovation n’a pas besoin de politique pour jaillir, on regrettera surtout que celle qui le fait soit regardée avec crainte et absence de reconnaissance. Il est patent de voir qu’elle est essentiellement faire de service, là où Quaero est une affaire finalement assez industrielle. Toujours cette vieille difficulté française à accepter l’idée que son économie est maintenant beaucoup tertiaire.
Quaero a donc mis 3 ans à sortir et vise des résultats à 5 ans, avec des fonds qui sont une goutte d’eau au regard des moyens des géants de l’économie numérique mondiale. Mais en même temps Quaero a changé et n’est plus cette sorte de plan, dépassé en vitesse par l’économie moderne, c’est plus un instrument de coordination, en espérant qu’il évolue plus vers la coopération ouverte, au risque d’être également doublé. Pendant ce temps, l’économie numérique française fait sa vie et cherche en premier à être reconnu. Et si la vision, c’était tout simplement de nous reconnaître tels que nous sommes ?

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