16.10.2013

Réhabilitons la Marque France !

Author: Manuel Diaz

La tâche sera rude, car la France a toujours capitalisé sur des concepts (Droits de l’Homme, citoyenneté, protection sociale) et pas sur des faits économiques. Au pays de la Liberté guidant le peuple, la valeur réside dans le spirituel, pas dans le matériel – ce dernier s’en trouvant d’ailleurs rejeté. Mais en ces temps troublés, il faut réconcilier ces notions.

La France est une marque en perte de vitesse. Pour regagner le cœur des consommateurs, dans et hors des frontières, elle doit adopter une stratégie de « branding »  axée sur ses réussites économiques. Le pays a inventé la machine à vapeur, la photographie, le cinéma, la carte à puce ou le minitel, et, aujourd’hui encore, il est parmi les plus innovants. C’est en France que sont nés Criteo, le leader mondial du display à la performance, ou Netvibes, le leader mondial des solutions de dashboard intelligence.

Retrouvons notre fierté

Qui sait que ces entreprises sont françaises ? Qui sait que la France est le 2e pays fournisseur d’applications pour l’App Store après les Etats-Unis ? Le rapport conflictuel qu’entretient notre pays avec l’économie a freiné la reconnaissance de sa dimension créatrice. La France n’est pas perçue comme un pays d’entrepreneurs. Pire, elle passe pour un opposant au monde entrepreneurial, suscitant incompréhension et même sentiment de rejet. En 2012, une étude de la Chambre de commerce américaine en France et de Bain & Company révélait que 40% des dirigeants de filiales d’entreprises américaines considérent la France comme une « mauvaise » terre d’investissement. Et que dire des entreprises françaises qui ont fait le choix de s’expatrier ou d’adopter un marketing anglo-saxon pour réussir ? Elles devraient pourtant être nos meilleurs ambassadeurs ! Tous comme nos développeurs qui, issus de fleurons de la formation comme Les Gobelins ou l’Ecole de la Statistique, sont recherchés par les plus grands studios et groupes mondiaux pour leur maîtrise du numérique ou du Big data. Pourquoi ne sont-ils pas mieux reconnus dans leur propre pays ?

A qui la faute?

Au rang des responsables, certains discours politiques et certains traitements médiatiques qui entretiennent le mythe d’une économie « ennemie ». On a ainsi minimisé les dégâts provoqués par la Une de l’un de nos quotidiens nationaux attaquant frontalement le Pdg de LVMH… le leader mondial du savoir-faire français ! Et il n’y a pas que les discours. L’excès de régulation étatique a des effets destructeurs sur la perception qu’en ont les entrepreneurs. Les politiques en matière de travail ou de fiscalité, les complexités administratives et juridiques sont étouffantes.
Le gouvernement a raison de vouloir redorer le blason tricolore mais il doit en parallèle, pour que ce projet aboutisse, agir pour changer la conception de l’économie en France. Il doit, avec les forces vives du pays, relayer les initiatives constructives et morales qui existent dans le monde économique. Il doit aussi donner aux entreprises les moyens de se développer, depuis la France, et de rester compétitives en leur offrant plus de souplesse. Enfin, il doit montrer l’exemple. L’équipe internet de François Hollande aurait ainsi dû ouvrir un compte sur Overblog, la plateforme française de microblogging, d’ailleurs présente aux USA, au lieu de se précipiter sur l’américain Tumblr. Sortons de nos contradictions. C’est à ce prix seulement que nous laisserons sa chance à la Marque France !

Tribune de Manuel Diaz publiée initialement dans le magazine Tank.

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