20/06/2018

Human After All

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Hier soir, je profitais de la belle initiative de Christopher Nolan d’avoir restauré 2001. Ce film sorti l’année où je suis né reste hypnotique et fascinant et posait déjà des débats qui nous agitent encore aujourd’hui. Notamment celui de notre rapport avec les machines intelligentes.
Il y en a toujours qui en sont à pronostiquer le nombre d’emploi que l’IA et les robots vont détruire. Pourtant, à côté de la dynamique de mécanisation, il est une autre tendance lourde à mon sens et qui mérite qu’on s’y arrête, celle qui consiste à remettre l’humain au centre.
Car, en attendant que les robots aient du pouvoir d’achat, les clients – ceux qui passent les commandes – sont bien faits de chair et d’os, et ils ont de l’intelligence eux aussi. Pareil avec les employés, qui sont souvent le même humain d’ailleurs. En passant.
Et si on mettait vraiment l’utilisateur au centre ?
Cette intention est aussi vieille que l’internet, mais cela reste souvent une intention. L’exploitation des données personnelles en est clairement l’illustration. Et presque un mois après l’arrivée du RGPD, il faut bien admettre que le message qui est le sien n’est pas entendu.
La nouvelle ère n’est pas celle des machines qui ne sont que des outils, mais celle des hommes, qui se créent de la valeur commune en se respectant et en se traitant bien. Le pari de l’intelligence n’est pas d’intégrer une IA, mais de parier sur celle partagée entre vos clients et vos employés.
Dans ce contexte, un élément de la décision du Conseil Constitutionnel entérinant la nouvelle loi Informatique et Liberté qui accompagne, en France, l’application du RGDP, est remarquable. Il est en effet rappelé qu’il n’est pas permis à des algorithmes auto-apprenants et à fortiori à des IAs, de prendre seuls des décisions qui importent fondamentalement les droits d’un humain. Ce type de décision doit être le fait d’une vraie personne, responsable, et il faut surtout pouvoir expliquer comment la décision se prend. En langage clair et simple. L’horizon de l’IA est sans doute qu’elle soit capable de faire comprendre ce qu’elle a fait.
Cela pourra passer comme une barrière à l’innovation, sachant que sous d’autres latitudes, des décisions se prennent déjà automatiquement h Sauf que c’est clairement un choix de civilisation de traiter l’homme en humain et pas comme un numéro. Au fait, question : quelles sont vos valeurs humanistes de marques ou d’entreprise et comment celles-ci se traduisent dans votre expérience digitale ?
Vos clients ne sont pas les IDs de votre base de données. Ils ne sont pas une marchandise, et leurs données n’en sont pas non plus. Mark Zuckerberg n’en fini pas de fermer les portes ouvertes sans réfléchir à l’exploitation non justifiable des données et même Apple procède à son serrage de boulon en empêchant les développeurs d’exploiter vos contacts. Et certains sites préfères se fermer aux européens plutôt que d’affronter la question. Fascinant, non ?
Le message du RGDP n’est pas une histoire de légal, de risque cyber, d’avocats et de justice.
L’objectif du RGPD, faut-il le rappeler, c’est de recréer de la confiance, notamment pour avoir des données de qualité.
Car en vérité, vos bases sont remplies de données pourries. Vos propres utilisateurs mentent à défaut de comprendre le sens qu’ils auraient à vous partager leurs vraies donnés et, en fin de compte, à croire dans le respect de vos valeurs. En témoigne notre Obsconso de mai aux chiffres effrayants.
La confiance, elle demande à en revenir à plus de simplicité, à des processus que l’on comprend aisément, centrés sur le service rendu. À des systèmes sûrs et maintenus de manière pro, comme vient de le rappeler la CNIL à Optical Center. Une faille de sécurité des données personnelles insécurités, ça vaut 250k€ d’amende. Plus le préjudice sur la notoriété.
L’avenir, c’est de penser en terme de relations humaines, la technologie n’étant qu’à leur service. Ce n’est que le commencement.
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