11/08/2009

Twitter n'est pas un réseau social, c'est pour ça qu'on l'aime

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Alors que plus personne ne parle de Facebook, où presque, le seul service qui continue à susciter des discussions reste encore et toujours Twitter, avec un bon petit effet de balancier bien régulier entre les annonces de déchéance, et les portées aux nues. On n’en sortira jamais car Twitter n’ayant aucune proposition d’usages en lui-même, il en est le support d’une immensité. Il ne rentre pas dans les cases où on voudrait le mettre et son succès s’avère donc incompréhensible à beaucoup. D’autant plus quand sa puissance en viendrait à pousser le KGB à le faire taire. Une forme d’insolence …
Il y a quelques jours, Nielsen nous a appris que Twitter est un pétard mouillé.
Bel exemple de vision étriquée des médias sociaux et de jugement à l’emporte pièce…


En finir avec la pensée unique des médias sociaux

Mais pourquoi faut-il donc tout mettre dans le même panier et tout regarder sous le même prisme ? Maintenant que plus personne ne conteste que les médias sociaux sont un phénomène de masse, ils sont considérés un peu comme la télévision. Tous les médias sociaux participeraient d’un modèle médiatique commun qui en permettrait la comparaison et la course.
On touche ici du doigt l’essence même de l’incompréhension dont sont victime les médias sociaux en général et Twitter en particulier. Mettre dans le même panier tout ce qui est lié à la socialisation sur le web a sans doute du sens pour étudier et comprendre ce qui se passe au sens des sciences sociales. Vouloir comparer la performance média et les modèles est de la connerie. Vouloir réduire un service à l’outil l’est encore plus. La seule chose qui compte c’est l’usage, parce que c’est là que réside la valeur pour l’utilisateur.
Au cas où, je rappelle que les usages ne se gouvernent pas, ils appartiennent à l’utilisateur, qui décide ou pas de ce qu’il fait selon ses buts propres. Mais il vaut mieux, pour le succès d’un service, que ce qu’il propose aille dans le sens des usages qui se développent grâce à lui …
Vu en terme d’usages, Twitter, Facebook, un blog et toute autre pratique numérique personnelle n’ont rien en commun d’autres que le volume d’attention qu’on y consacre. Une attention que l’on distribue avec des buts et des logiques différentes. Cela dépend de nos motivations et celles-ci ne sont pas les mêmes à 15 ans ou à 30. C’est bêtement la porte ouverte que défonce Mashable en contribution au débat.

Twitter n’est pas un réseau social

Twitter n’est pas un réseau social, c’est une plateforme de microbloguing, donc un instrument de push à destination d’une audience, pour les gens, où les entités, qui veulent se connecter à une/leur audience. C’est une approche de micro-média dont la principale qualité est d’être très réactif et mesurable, donc d’être un bon thermomètre de la doxa.
Facebook est un réseau social, parce qu’il permet à l’individu de développer un profil et lier ce profil à d’autres dans le cadre d’un environnement aux codes sociaux structurés et stables.
Sur Twitter, on ne discute pas. Comme Ecrans l’avait titré, sur Twitter, on se suit sans se comprendre. Concision et réactivité, l’essence même d’un monde d’informations en flux ou ce qui compte, c’est la connexion et la tendance. Twitter, c’est juste du bouche à oreilles, le bouche à oreille globalisé du XXIe siècle.

Il y a une vie après 20 ans

Au final, peu importe donc que les jeunes ne twittent pas, ou finalement si. La question ne se pose pas ainsi.
La question, c’est de savoir si Twitter est générateur d’usages de masse. La réponse est clairement oui. Et si ces usages participent de gens d’un certain âge, cela veut dire que Twitter a une base sociologique identifiée d’utilisateurs. Elle est bonne à connaître pour la compréhension et la faculté à donner du sens à Twitter pour soi-même et pour le reste.
Il y a une vie après 20 ans et les pratiques socio-numériques sont aussi présentes aux autres âges de la vie, il est temps de ne pas réduire les usages socio-numériques seulement aux jeunes. Je connais des twiterrers de plus de 70 ans ! D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, on découvrait que Twitter était plein de mères de familles. Certes c’est aux USA encore, mais il n’y a aucune raison que le processus mécanique qui a amené ce type de public sur Twitter ne se produise pas en France aussi un jour où un autre.
Twitter, ça fonctionne et si vous ne comprenez pas, c’est que vous n’avez pas trouvé votre sens usage à vous. Des millions de gens l’ont fait, mais ça ne sert à rien que vous y veniez si vous n’y voyez pas d’intérêt. Maintenant, si vous êtes une organisation où une marque, la question ne se pose plus. Soit vous embrassez les médias sociaux et vous embrassez Twitter, soit vous restez à l’écart de la connexion d’avec vos clients.

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