01/30/2005

À chacun son idée numérique du territoire

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Il n’aura pas échappé à certains l’annonce faite par deux territoires, le Département du Gers et la Communauté Urbaine de Lille de renoncer à leurs initiatives locales. Cela mérite bien quelques éclaircissements.


La Communauté Urbaine de Lille, comme le Département du Gers avaient annoncé leur intention d’investir dans un réseau alternatif.
Le Gers, constatant un défaut de couverture manifeste de son territoire, avait initié le projet d’une DSP pour assurer lui-même l’équipement des répartiteurs orphelins. Finalement, il a choisi de signer la charte des départements innovants de France Télécom.
L’origine de ce revirement, c’est que l’opérateur historique a changé d’attitude pour proposer à la collectivité un niveau d’équipement en phase avec la couverture qu’il attendait. Le projet était budgétairement lourd (35M€) et dans la mesure ou France Télécom prenait seul à sa charge l’investissement, cela était plus compliqué à justifier.
Certes, l’initiative locale a eu le mérite, comme d’habitude, de pousser France Télécom à investir. Il n’en reste pas moins que, au-delà de la tuyauterie, le dégroupage attendra. Aussi, la quasi-totalité du département a de bonnes chances de rester une zone grise. C’est sans doute bien cela que la ville d’Auch a pour sa part maintenue son projet de DSP pour une boucle optique.
La Communauté Urbaine de Lille a de son côté enterré son projet pour une raison bien simple. Depuis l’annonce initiale, 98% de la population se retrouve couverte et à 85% dégroupée. La concurrence est présente et les prix digne des meilleures zones.
Une fois de plus, tout cela illustre bien la disparité de vue des élus.
Dans le Gers, le but était de l’aménagement numérique du territoire, pas de prendre en main le service public du haut-débit, comme c’est le cas en Limousin avec Dorsal.

Rappelons en effet que le service public du haut-débit n’existe pas. Il ne faut en effet pas le confondre avec le service universel du téléphone, marché financé par tous les opérateurs et dont la mise en oeuvre est revenue, après compétition, à France Télécom.

Quand la vision s’en tient à de l’aménagement, le dégroupage et la concurrence ne sont pas en jeu et France Télécom a beau jeu, s’il veut bien s’en donner les moyens, d’éteindre l’initiative publique.
Quand l’enjeu devient le service public, l’aménagement numérique du territoire s’enrichit d’une exigence d’ouverture, de neutralité et de régulation de la concurrence afin que les usagers n’aient pas seulement du débit, mais la diversité des services offerts par tous les opérateurs français et les meilleurs prix. La vision ne cible plus du BTP, mais les services offerts et les usages qu’ils permettent et que l’on voudrait voir développés.
Au prime abord, ce que veulent les usagers, c’est d’être desservis. Mais une fois qu’ils le sont, ils se plaignent rapidement de ne pas avoir accès aux offres dégroupées dont ils voient les pubs à la télé. Et ne parlons même pas des offres groupées (haut-débit/téléphone/télévision). Le débit, ça ne sert à rien sans les usages, donc les services que l’on peut y pratiquer.

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