10/28/2005

Howard Rheingold à l'Echangeur

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

HR.jpg
C’est par hasard et à la dernière minute que je suis tombé hier sur l’annonce d’une conférence d’Howard Rheingold à Paris, ce jour. Comme je m’y trouvais pour affaires, ça tombait bien.
Rheingold était invité par la FING, pour parler de Smart Mobs, son bouquin culte vieux de cinq ans déjà mais encore bien vert. C’était évidemment une occasion unique d’écouter un (sinon LE) type qui a su flairer toutes les grandes évolutions numériques de ces 10 dernières années et, comme l’a souligné Daniel Kaplan, un gourou qui pratique ce qu’il avance, ce qui est un gage de qualité.


Déjà, c’était l’occasion de faire un tour à l’échangeur. Je n’y avait pas remis les pied depuis la fin de la bulle (1.0). En fait, l’échangeur est lui aussi un survivant de ladite bulle. Le lieu n’a pas changé d’un pouce et le souvenir de certains événements passés m’a laissé une impression bizarre, d’autant que dans cette soirée, on y croisait aussi quelques idoles, tel Rafi Haladjan, venu promouvoir un lapin connecté en réseau (…).
Rheingold en chair et en os, c’est déjà quelque chose. Outre son fameux chapeau, il a un vrai look de californien qui fait qu’on ne peut pas le rater. Il nous a fait faire un petit tour des points clés de SmartMobs, enfin surtout ce qui a trait au texting et aux communautés virtuelles. Rien de nouveau, à ceci près que ce à quoi on assiste aujourd’hui et qu’il décrit, il l’a écrit il y a … 5 ans.
C’était plus intéressant de l’entendre dissequer les nouvelles interactions et l’émergence d’une “économie du partage”. Cela m’a rappelé pleins d’exemples, entre autres ces producteurs de documentaires US qui vivent des abonnements tirés de communautés restreintes, diffusent des séries limitées de DVD et organisent tout un système d’échanges numériques et de rencontres. Ça fait penser à ce qui arrive à BlockBuster, la méga-chaîne de location de DVD US, plombée en quelques mois par des loueurs en ligne plus malins et plus en phase avec l’appétence numérique des ados US. On attend la faillite (allez voir Gloria pour comprendre). Ça rappelle aussi ce qui s’est passé avec Howard Dean lors des primaires démocrates de la dernière présidentielle.
L’heure des questions venue, la première fut évidemment pour le web 2.0. Ça m’a fait plaisir d’entendre Rheingold dire que c’était surtout du marketing. Il a aussi rappelé que le réseau n’avait pas attendu le web 2.0 pour que l’utilisateur (les “amateurs” pour reprendre le mot qu’il a utilisé) fassent l’internet. Ce sont effectivement bien deux amateurs voulant faire un annuaire du CERN qui ont inventé le web en 1991 et les amateurs de la planète n’ont pas attendu cette année pour créer des sites persos, inventer le Wifi ou les blogs. Oui, je sais, je n’en démords pas, mais j’ai des soutiens de poids 😉
Heureusement, on en est venu à des échanges sur des sujets plus chauds, comme l’impact des dynamiques de réseau en politique et plus largement sur la démocratie, l’avenir des médias, notamment au regard d’une économie basée sur la publicité, les bénéfices et risques d’avoir tout le monde en situation de filmer tout et de le diffuser (Kaplan a opportunément illustré ça avec l’exemple de la fameuse femme aux crottes de chien).
Au final, Rheingold cite beaucoup Michel Foucauld dès qu’il évoque l’avenir des rapports humains. Comme idée de lecture pour ce week-end de Toussaint, ça devrait vous plaire…

gallery image