08/28/2006

Hype Cycle 2006 et le futur du web 2.0

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Le Gartner a donc livré son oracle Hype Cycle et donné pour la décennie qui arrive l’incontournable agenda de maturité des technologies qu’il représente. Il tombe à point nommé, pile au moment où le web 2.0 atteint le stade de la consolidation et donc celui des questions de viabilité de ce qu’il recoupe.
Comme d’autres, Jean-Luc s’est étonné de voir le “web 2.0” ainsi attendu à maturité dans deux ans, moi pas et voici pourquoi.


Il faut d’abord constater la définition du “web 2.0” pour le Gartner. En gros les réseaux sociaux, Ajax, l’intelligence collective et les mashups. Un bon mixte de technologie, de modèle de service et d’organisation. Ça me va bien.
Ensuite, sur la courbe, il est donc au pinacle, au “sommet des espérances”, à l’aube de subir l’inévitable phase de désillusion de tout cycle innovant qu’il est. Accessoirement, à ceux qui s’interrogent sur le sens de l’expression “web 2.0”, je signale que c’était le débat de l’année dernière. Moi-même j’ai pesté contre ses défauts, mais cette discussion n’a plus lieu d’être.
Au sein de la valise “web 2.0”, les constituants n’avancent cependant pas au même rythme.
Les réseaux sociaux et Ajax sont attendus comme des banalités d’ici deux ans. Si l’on considère, chez nous, que les hostilités débutent véritablement maintenant et si l’on transpose bêtement le fait que la presse quotidienne en fasse sa une, on constatera qu’il s’est écoulé un an et demi par rapport à celle-ci, sur les blogs, et que ce n’est que maintenant qu’ils peuvent prétendre à être une banalité. On notera quand même que le bloging d’entreprise, dont on ne peut pas dire qu’il soit massivement adopté, est encore émergent et se situe lui-aussi sur un horizon à deux ans.
À plus de deux ans, on trouve l’adoption du RSS en entreprise. C’est logique si l’on considère le léger décalage qui existe entre le développement des blogs et l’usage du RSS, deux choses différentes. À propos du RSS et de son adoption encore émergente, je vous rappelle les constats du New York Times dont je parlais l’autre jour.
À plus de deux ans, il y aussi les Wikis, situés dans en pleine phase de désillusion. C’est tout à fait ça.
L’intelligence collective est placée à un horizon de cinq, ans, une éternité à l’échelle de l’Internet. Mais il faudra bien ça quand on mesure les pré-requis et les réticences à changer les habitudes et les manières d’être et de faire dans les organisations. Le management 2.0 n’est pas dans la courbe, c’est dommage, c’est lui le plus important.
Il en est de même des mashups. Ce n’est pas vraiment technologique, mais d’ici à ce qu’elles soient un passage obligé de tout modèle de business qui se respecte, il se sera passé quelque chose dans l’adoption des schémas modernes de l’économie numérique !
À contrario, le web sémantique a besoin d’un cycle de stabilisation technologique et d’adoption long, et j’ai bien envie de le rapprocher de celui des CMS, auxquels il a bien fallu cinq ans pour atteindre la maturité (si tant est qu’on y soit pleinement).
Le Hype Cycle du Gartner est principalement établi en vertu du marché américain. La question qu’il faut donc se poser c’est si, en Europe et plus particulièrement en France, nous sommes calés sur cet agenda où s’il convient d’injecter du handicap. Mon point de vue est qu’il y a toujours un décalage, mais qu’il varie suivant le sujet. Si l’on regarde les services grand public, il est faible voir inexistant. Mais dès que l’on touche aux organisations et à la mise en application en leur sein, je crois qu’il y a beaucoup de nuance à y apporter, notamment au cas français. Il y a du retard en matière d’équipement en services web et le développement de l’e-commerce au sein des entreprise laisse à désirer. Il y a quelques mois, je m’étais interrogé sur la capacité du web 2.0 à déclencher une prise de conscience des enjeux numériques. La question reste posée car quelle que soit la justesse de cette prédiction, c’est dans la capacité des décideurs à intégrer les changements dans la stratégie de fonds des organisation que se trouve la concrétisation de tout cela. Changer les mentalités et faire du web le coeur de son développement, c’est ça qui est d’actualité.

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