10/06/2005

Il se passe des choses du côté du net politique

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Intervenant actuellement en formation d’élus sur les enjeux du net en politique, vous avez évidemment constaté que le sujet stimulait des billets.
Trois événements récents montrent que depuis le 29 mai et quoi qu’en pense D. Wolton, le monde politique a compris qu’il était crucial d’intégrer vraiment le net dans la communication politique.


1. Les déboires de l’UMP avec sa campagne de Newsletter.
C’est amusant car j’avais moi-même suscité un gros doute lors d’un séminaire de formation des élus UMP du Conseil Régional d’Ile-de-France. Ils étaient bien au courant de l’affaire, mais se rassuraient car la base d’adresse provenait d’un professionnel patenté et qu’une disposition de la CNIL ouvrait des possibilités d’emailing politique non sollicité.
Cela n’empêche pas d’éventuelles plaintes, quel que soit leur sort, ni et surtout le buzz négatif que tout cela engendre. Le simple fait que l’UMP suspende la campagne montre qu’elle ne prend pas l’affaire à la légère.
L’UMP vient donc d’apprendre à ses dépends qu’il ne suffit pas d’être dans son droit pour faire n’importe quoi sur le réseau, les utilisateurs étant sensibles à une certaine déontologie ou (net)étiquette (comme on voudra).
2. La manière dont 5 courants du PS ont utilisé le web pour promouvoir les motions du futur congrès.
On lira la synthèse de Politique et Web, mais personnellement, je retiens 3 études de cas :
– On a beaucoup parlé du manque d’usabilité de la motion du NPS, entièrement html, découpée en tranche et qui oubliait qu’on ne lit pas des textes de plusieurs pages en ligne et que le besoin d’impression est une vraie réalité d’usages.
Réussir à gauche a retenu le format blog, ce qui n’étonnera pas quand on sait que Dominique Strauss-Khan y figure. Le modèle propose des PDF, permet des réactions et commentaires. Je trouve d’ailleurs qu’il y en a eu assez peu. Le modèle est intéressant, mais sans doute un peu excluant du fait de la nature de l’exercice. Ce blog ouvre vers les blogs individuels de certains signataires de la motion, ce qui permet d’humaniser un peu tout cela. Cette initiative est certainement la plus innovante.
Rassembler à gauche a certainement le meilleur design, offre des facilités d’impression et d’envoi, mais ne permet pas de commenter et de débattre autrement que dans un forum. Celui-ci est d’ailleurs vide ! Un joli site bien conçu, mais trop classique.
3. Alors que l’on en reste donc à expérimenter les modèles classiques du net, c’est hors du champ des partis et sur le terrain que l’innovation jaillie.
Vegeo met en application les joies du groupware ouvert au débat public. Vous me direz que ce qu’il y a là n’est rien d’autre que d’orienter une plateforme collaborative et que les Yahoo Groups ou autres Affinitiz ne manquent pas et depuis longtemps. Certes, à ceci près que l’initiative mérite d’être noté par le simple fait qu’elle veut se situer dans le champ politique et par le caractère ouvert des espaces.
On rapprochera cela de l’initiative d’A. Carignon qui propose ni plus ni moins à ses partisans et électeurs qu’un Wiki pour co-rédiger sa motion. Bon, le site a un design digne de 1995, mais de la part d’un politique de ce rang, tenter le pari de l’interactivité à ce niveau est à souligner.
Ça bouge, c’est certain, mais comme souvent après les réveils douloureux, c’est un peu désordonné.
Pour l’essentiel, on en est donc à occuper le terrain en appliquant les recettes d’antan (Newsletter, site web classique), à en récolter une utilisation un peu immature. D’autres tentent le modèle du blog, déjà bien affirmé, qui a son mode d’emploi et donc une dose de risque mesurée. Quelques-uns parient sur l’interactivité directe avec le citoyen, quand ce ne sont pas les citoyens entre eux qui tentent des choses. C’est de ce côté que ce sera le plus intéressant à observer.
NB : c’est mon 150e billet sur ce blog 🙂

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