10/09/2006

La France, mauvais élève de l'intégration des TIC dans l'éducation en Europe

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

En parlant de “sous-développement” en France, le focus de Jean-Marc Manach sur l’étude menée par l’Union Européenne sur l’intégration des TIC dans l’éducation (école/collège/lycée) avait de quoi interpeller, et c’est peu de le dire !


Pour faire court, là où 90% des enseignants européens ont intégré l’informatique dans leur préparation pédagogique, le corps enseignant français pointe à … 66%. 21e sur 27. Et là où 63% des établissements européens ont un site, ils ne sont que … 29% en France.
Pendant ce temps, un quart des adolescents s’est ouvert un Skyblog et développe massivement de nouveaux usages qui sont tels que cela bouleverse la société et devrait faire bouger l’enseignement. Ce n’est plus une fracture, c’est le Grand Canyon.
La situation française est à pleurer, d’autant plus que ce ne sont pas les équipements qui manquent puisque paradoxalement l’outillage informatique des écoles françaises est supérieur à la moyenne (mais ça je le sait déjà pour avoir connu les TO7 dans mon jeune temps – rire jaune). La connexion des écoles est aussi bonne, avec 75%
Ce taux est équivalent à celui du Royaume-Uni, oui mais voilà, là-bas, ils sont 90% des enseignants à se servir de ces outils pour préparer leurs cours, contre seulement 66% en France. Quand aux usages en classe, ils ne portent majoritairement que pour seulement 10% des leçons, celles ayant trait à l’informatique sans doute. Seuls 3% des enseignants s’en servent pour au moins la moitié de leurs cours, 12% pour le quart, avec pour ceux-là une répartition à hauteur de 8% des enseignants au primaire, 28% au collège, 40% au lycée.
Tout cela ressemble à un beau gâchis et pointe un gros problème de généralisation de l’innovation pédagogique, d’évangélisation et aussi de formation continue du corps enseignant.
La question qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est aussi celle des ENT (les Environnements Numériques de Travail), que l’on généralise à marche forxée. Si l’on suit les résultats de cette enquête pour la France, leur vivier d’utilisateurs enseignant est faible, voire homéopathique (3%). Dans le cycle d’innovation des TICE, on a institutionnalisé alors que sur le terrain on serait encore à l’ère de pionniers. N’y aurait-il donc pas un bug à ce niveau ?
Encore une fois, voilà la démonstration qu’il ne suffit pas d’équiper et d’outiller, encore faut-il accompagner le changement et si je m’en réfère à ce que j’entends ici ou là, cet aspect des choses reste à inventer.
Pour finir, si l’on se replace au niveau européen, je trouve quand même un paradoxe entre cette étude et celle qui démontrait l’inadaptation de l’école à éduquer aux nouveaux médias. Si, comme le montre l’enquête, les écoles européennes sont équipées, connectées, avec des enseignants usagers et intégrant les TIC dans leurs cours, pourquoi n’arrive-t’elles pas à faire partie de la Société de l’Information et à faire son oeuvre auprès des élèves qu’elle accueille et qui, eux, y sont pleinement ?

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