Le ridicule mode 2.0

Jean-Jacques Bourdin est bien connu pour ses questions fermées qui piègent les politiques, genre de savoir quel est le nombre de sous-marins nucléaires à destination des candidats à la présidentielle. Imparable et particulièrement générateur de buzz.
Ces derniers temps, il est passé en mode numérique avec le coup du “c’est quoi le web 2.0”. Frédéric Lefebvre s’y est fait prendre, maintenant c’est Benoît Hamon. Tout le monde se marre et le premier, qui s’était fait des amis sur le web avec son discours sur Hadopi a l’assemblée, nous a donné l’occasion d’une web-carbonisation gratinée.
Fondamentalement, c’est une pure private-joke de l’intelligentsia du web dont nous faisons partie. La définition du web, on a joué en 2006 et c’est le truc qui n’excite plus personne depuis 18 mois au moins. À telle antienne, que notre petit club a symboliquement enterré le web 2 à l’occasion de la crise. Ça rajoute un côté has-been à la question de bourdin et ce n’est donc pas pour rien dans le buzz.

Dans les faits, interrogez des vrais gens, vous constaterez qu’ils sont aussi sec que Lefebvre ou Hamon, pour autant pas aussi newbies que ça sur Facebook, Twitter et autres lieux du web 2, soi-disant. La réalité, c’est que tout le buzzword et les concepts que l’on plaque sur le web et ce que l’on en fait est totalement étranger de la majeure partie de ses usagers. Je m’y suis moi-même fait prendre l’automne derniers avec des étudiants qui ne captaient rien à ce que je leur disais, avec force jargon geek, mais qui ont avoué par la suite un niveau de pratique à faire saliver d’envie les adorateurs de la Génération Y. Les vrais gens se fichent du buzzword, ils identifient parfaitement ce que tout ce bins est à même de leur apporter, ils s’en servent et le reste n’est que bullshit.
C’est tellement vrai qu’à côté des deux victimes expiatoires précédentes, il y a des choses plus amusantes à constater. La palme de la semaine à François Hollande, qui fait comme madame Michu et pirate son passage TV via DailyMotion. Sauf que ce dernier le blackliste pour détournement de contenu protégé. Le comble c’est sans doute que le placard soit resté bien trois jours visible sur son site, disant ainsi bien des choses sur l’animation du support (…). Bon, il fait comme presque tous ses corréligionnaires, François, tous bords confondus d’ailleurs. Ils ne réfléchissent même que ce qu’ils votent en terme de mise en coupe réglée du web s’applique à eux-mêmes. Et s’ils se regardaient un peu dans la glace, hein, s’ils pratiquaient vraiment ce qu’ils entendent régenter, ça nous ferait certainement des vacances !
Le ridicule ne tue pas, est-il à même de faire avancer le débat ? je n’en suis pas sûr. Après tout, on descend en flamme sur le web, pas dans les grands médias, à moins que la blague de Bourdin fasse enfin le lien entre madame Michu et sa part numérique. On se raccroche à bien peu de choses …