L'économie numérique impacte au coin de la rue
L’e-commerce est sur la bonne pente et bénéficiera, par les effets mécaniques que j’ai déjà démontrés, une croissance similaire à celle de l’année dernière (environ 40%). Le B2C s’approchera alors, en France, de la barre symbolique des 10 milliards d’euros de CA.
Surtout, en 5 ans, la proportion de consommateurs français ayant banalisé l’e-consommation est passé de 1 à 18% (chiffre 2005). À ce stade, son impact sur la consommation traditionnelle commence évidemment à se faire sentir. J’avais déjà formulé des réflexions à ce propos il y a un an, mais une discussion avec Martial, vieux pote et journaliste télé de son état est venu donner matière à ce sujet.
Six mois après l’ouverture d’une nouvelle FNAC à Limoges, Martial s’était fendu d’une enquête sur l’impact de cet établissement auprès de certains secteurs, librairie en tête. Passons sur le sujet en lui-même, dont la réduction en format télévisuel était loin de refléter une richesse qu’il a donc partagée avec moi. Ce qui est frappant, c’est que le changement vient finalement moins de l’enseigne, que du travail de sape du changement des modes de consommations à l’aune du numérique. Il n’y a rien d’exceptionnel dans tout cela, la nouveauté c’est simplement que le commerce de proximité en a maintenant (enfin) conscience, qu’il l’exprime et qu’il a peur car les choses sont très avancées.
Il en est ainsi des photographes, en quête trop tardive d’une valeur ajoutée qu’ils ont perdue depuis longtemps en n’étant plus que des intermédiaires du développement et de la vente. Il en est aussi des loueurs de DVD, en perte de vitesse, minés par Glowria et la VOD. Je ne parle même pas des disquaires, qui après avoir subit la grande distribution dans les années 80, puis le développement des multispécialistes (FNAC, Virgin, …) sont maintenant victimes du développement de la musique numérique. Et le piratage n’a rien à voir là-dedans. Quand aux libraires, ceux qui ont su cultiver un positionnement de niche, développer du conseil et donner une âme à leur magasin gagnent des parts de marché.
En fait, l’arrivée de la FNAC transforme aussi des clients fnac.com, et doit s’observer y compris par rapport aux grandes surfaces très nombreuses dans l’agglomération limougeaude. Ce qui se passe, c’est donc, qu’avec la réduction du marché sur certains secteurs, une agglomération de 250 000 habitants risque fort de ne plus satisfaire comme marché local à la pérennité de certaines types de commerces traditionnels.
Et d’ailleurs, que vois-t’on ? La fédération des agences de voyage fait de la pub pour se rappeler au bon souvenir d’une majorité de consommateur qui est passée à autre chose. Les libraires réunis sont sur la même voie. Jusqu’où va s’arrêter le défilé des corporations victimes de la VPC ?
Le commerce traditionnel doit donc innover et s’adapter non au numérique, où à je ne sais quoi, mais tout simplement au changement des modes de consommation que la Société de l’Information induit, à ces fameux consommateurs hypermobiles qui pèsent maintenant un tiers des consommateurs et dont la proportion grossie grâce à la Génération Interactive qui arrive à âge adulte. La créativité dans les modèles économiques ne concerne pas que le secteur IT, mais aussi pour la boutique du coin, la réussite de ceux qui ont développé de la valeur ajoutée de proximité autour d’un positionnement de niche en témoigne. Dans ce cadre, des initiatives numériques peuvent s’inscrire, mais elles sont un moyen et non la fin.
Cette affaire l’a tellement marquée, Martial, qu’il en est venu à s’interroger bien au-delà, notamment sur des considérations éthiques et de développement durable appliquées à sa ville. Faudra-t-il donc militer pour des attitudes de consommations venant au secours du loueur de DVD de quartier ? Ça devrait effectivement arriver.
Surtout, méditant sur nos discussions antérieures sur les blogs et le podcasting, nous avons échangé ouvertement de grosses questions quand à l’avenir de son propre métier à l’aune des évolutions de la consommation médiatique, plus précisément sur l’adéquation entre la manière dont est produit l’information et les besoins des hypermobiles.
Il est de bon ton ces derniers temps de prédire la mort de la télévision à dix ans, ce qui est un peu radical à mon goût, il faudrait déjà savoir de quelle “mort” il s’agit. Celle de la prédominance du format télé dans la communication vers les masses, c’est déjà en route, celle d’une consommation synchrone aussi. Qu’on se le dise, localement aussi on réfléchit à inventer d’autres modèles pour l’information. J’avoue à ce propos ma circonspection sur cette initiative de CentreFrance et j’adresse ici un petit salut amical à Hot-Correze qui rafraîchit l’info locale sur le versant sud du Limousin.
La Société de l’Information imbibe la société, elle impacte dorénavant concrètement sous nos yeux, au coin de la rue aussi. Ce sont les consommateurs qui font le changement. Tout un monde prend conscience qu’il va mourir. Faut-il qu’on en soit arrivés là pour que l’innovation prenne corps ?
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