02/07/2008

L'Etat s'intéresse à l'Enterprise 2.0

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

C’est la saison des interventions et cette année je suis plutôt frappé par les sollicitations émanant du secteur public sur le thème du travail collaboratif et de l’intelligence collective, du “faire autrement”. Depuis le temps qu’il se dit qu’il faudra bien y arrivé un jour, il faut croire que celui-ci est arrivé. Comme l’a souligné un intervenant ce matin : moins de moyens, mais plus de missions, avec des gens distribués géographiquement et organisationnellement.
Ce matin, c’était rien moins qu’à l’Ecole Militaire, pour lancer une réflexion de fonds du Ministère de la Défense et mettre leurs propres expériences en regard de ce qui se passe sur le web avec le social-marketing, mais aussi évidemment dans les entreprises. J’y suis venu poser les termes d’un débat qui s’est avéré très riche si l’on mesure les paradoxes d’un domaine où le cloisonnement et les contingences opérationnelles peuvent se présenter comme des freins, et forment en fait une réalité qui vient poser de bonnes questions et obliger à passer outre le copier-coller.
Non, les silots ne sont pas une fatalité, mais les questions de sécurité sont un excellent sujets, pas si éloigné que ça des problématiques d’intelligence économique que l’on rencontre aussi dans les entreprises.


Dans la commande qui m’était passé, il s’agissait de tordre le cou aux idées simples de se contenter de poser des outils et, sans nous être concertés, mes collègues de table ronde et moi-même, nous avons allègrement tapé sur les mêmes clous : la nécessité d’une stratégie, la question managériale, la gouvernance, de penser en contexte, d’être agile, bref d’aborder ce type de sujet et de projet en approche globale.
Et puis il y a le temps. Le temps de penser et de faire, le temps nécessaire à l’acquisition du changement, mais aussi le temps qui évoque la question du comment réinscrire les vastes gisements d’informations déjà présents, d’assurer la pérennité de ce qui sera produit. Nous avons bien pointé les limites des instruments de recherche. Non pas qu’il n’y en ai pas de bons, ils le sont, mais que la notion de pertinence est somme toute relative quand des To de données sont adressées avec deux mots-clés et génère une montagne de résultat. Qu’est-ce à dire de la pertinence au regard de la fiabilité putative de la source ? qu’est-ce à dire des référentiels documentaires au regard des folksonomies et autres revisitations du corpus sémantique métier par la foule ?
La collaboration ne se décrète pas et l’intelligence collective encore moins, mais par contre, l’exigence de performance est quand à elle bien réelle. De ce point de vue, on n’en est plus à expérimenter. Le collaboratif n’a pas attendu le web 2, sauf que si le web 2 ne se copie-colle pas dans l’organisation, il n’en met pas moins en perspective d’autres manières de faire. Nos amis de BlueKiwi le savent plus que d’autres. Ils étaient à l’honneur ce matin et pas que dans mes slides d’ailleurs.
Or donc, l’Etat a décidé de bouger, de passer à une phase active de mise en oeuvre, avec en vecteur et en perspective, la performance. Il s’agit certes de faire avec moins, il s’agit aussi de s’accorder avec son temps et le changement de fond. Moi qui peste contre l’absence de stratégie numérique au niveau politique et un manque de volontarisme incarné, voilà donc une stratégie en creux qui a le mérite d’être en phase avec les entreprises.
Est-ce que cela signe le grand retour de l’e-administration ? ça reste à voir, mais la voilà au pied du mur pour ce qui est de ses pratiques intra en tous les cas. Je ne sais pas ce qu’il en est dans la territoriale, mais il me semble qu’il serait bon qu’elle y prête attention.

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