09/13/2007

Pourquoi tu blogues ?

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Ces derniers temps, j’ai suivi amusé le débat à la fois microcosmique et passionnant sur la mort non pas des blogs, mais du phénomène qu’ils représentent. Cette discussion n’est pas nouvelle et intéresse avant tout un cercle de gens qui ont développé et conquis un nouvel espace qui le dispute aux médias tout en revendiquant sa composante interactive et participative.
Il n’est pas fortui qu’elle arrive après une séquence électorale numériquement très active (mais pas transgressive pour autant) et une pause estivale propice à la prise de distance. Enfin, comment ne pas mettre cela en perspective du fait de voir les régies pub orientée sur les blogs s’inscrire dans le paysage, ce qui n’empêche pas d’être exigeant.
Oui, les blogs ne sont plus “tendance”. Il n’y a rien d’anormal à ça, c’était tout ce qu’il a de plus prévisible, et prévu, comme dans tout bon cycle d’innovation qui se respecte, qu’ils mettent en jeu, et qui se termine par la revendication d’une posture, osons dire d’une philosophie, enfin détachée de l’outil et de sa connotation technologique. Il était temps.


Les blogs passent pour un phénomène convenu, en tous les cas pour les individus, un élément de base de l’outillage numérique dans la structuration de la personnalité des ados, du marketing personnel en recherche d’emploi ou de développement de carrière, un passage obligé pour exister dans certains secteurs d’activité. Il faut quand même se méfier des idées toutes faites et s’il ne fait aucun doute dans mon esprit que l’instrument offre toutes sortes de vertus au développement personnel, il n’en reste pas moins que l’épreuve des faits montre que la généralisation mérite des nuances.
La notion de blog est trop connotée. Beaucoup de gens me disent qu’ils ne bloguent pas, ce qui ne les empêche pas d’avoir des profils dans des réseaux sociaux, des photos ou vidéos en partage, d’exister dans des communautés virtuelles plus souvent fermées qu’on ne le pense. Il faudrait distinguer ceux qui veulent vraiment mettre leur personnalité en lumière, de ceux qui interagissent, outre le fait qu’il y a pleins de gens qui ont des blogs, mais que ceux-ci n’ont pas un sens public, ils servent à cultiver une relation avec des proches et n’ont aucun sens sorti de leur contexte. Ils participent d’un degré d’intimité qui n’invite pas leurs porteurs à les dévoiler. Il peut paraître paradoxal d’avoir un site public et pour autant qu’il soit à vocation privée, ce n’est pas pour autant qu’on en fait la publicité. La faculté du net à créer du clair-obscur fait le reste. J’ai moi-même des espaces préservé pour certains et pas d’autres.
Alors, Pourquoi tu blogues ?, voilà une bonne question de rentrée là où on se remet un peu en question et se demande pourquoi diable continuer là où d’autres s’arrêtent.
Même s’il serait débile de nier la satisfaction narcissique de l’exercice je ne me suis jamais inscrit dans l’idée de monter un blog autour de mon moi. L’idée m’a cependant titillée il y a un an et demi et je remercie Hubert Guillaud d’avoir freiné mes envies égotistes et confirmé que le plus important c’est ce que l’on dit. J’ai le choix de le dire en différents endroits, tel ce blog, ça dépend de comment le sujet colle au positionnement du support et à ce celui que je me suis créé dessus fonction de ce que j’y ai déjà écris. J’ai le choix aussi de continuer à prendre du plaisir à laisser des commentaires chez les autres plutôt que de chercher à dégueuler de la note au kilomètre et puis prenons acte que les trackbacks sont (malheureusement) morts.
En observant ce qui me fait blogueur, je m’interroge aussi sur ce que recouvre cette notion. J’écris dans des blogs, je twitte modestement, j’intéragit sur des réseaux sociaux et de bonnes vieilles communautés web destinées à cultiver des passions ou l’esprit de famille, sans parler de ce qui reste pro et intra via notre BlueKiwi et qui nous fait goûter aux joies de l’enterprise 2.0.
Sur ce blog en particulier, j’avoue que mon moteur est d’abord personnel. Dès le début, j’ai trouvé dans le bloguing un mode de travail réflexif sur les sujets qui me turlupinent et c’est donc d’abord pour structurer et faire rebondir ma réflexion que je le fais. Après, exposer ses idées suscite vos commentaires et aussi toutes sortes de choses autour, discussions et rencontres notamment, du business aussi. En fin de compte, à bloguer pour moi je me surprend de l’écho que cela génère et j’aime à préserver cette fraîcheur pour ne pas faire rentrer ma pratique de bloguing dans une finalité trop fermée. C’est à mon sens le meilleur moyen de la faire durer.

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