03/12/2007

Quand l'outil déstabilise l'organisation

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

S’il fallait se convaincre qu’un projet touchant à l’échange et au partage d’information est critique, les constats dressés sur l’Intranet Renault sont plus qu’éloquents. On touche ici aux limites des approches outils qui oublient sinon négligent la conduite du changement et l’adéquation nécessaire du modèle à l’organisation et aux hommes.
Bertrand, qui nous parlait justement d’alignement entre stratégie, management et outils (et dans cet ordre ndr) en livre une analyse judicieuse car elle montre bien que les défaillances ne viennent pas de l’outil mais de la stratégie qu’il sert et du management dans lequel on inscrit ses usages.


Le constat qu’il ne sert qu’à descendre de l’information sans apporter de capacités d’interaction, alors que c’est typiquement la valeur ajoutée des TIC, est caractéristique des approches purement productives dont la base est l’économie de papier et de réunions. Des collaborateurs rivés sur leur écran en quête de l’info juste, où quand trop d’info inhibe la capacité d’action et montre l’absence de réflexion sur la capacité de l’individu à pouvoir disposer d’un bon rapport signal/bruit. Quand à cesser de tout donner à voir à tout le monde pour remettre les cadres en selle avec des informations réservées, on est effectivement dans un effet de balancier qui semble indiquer l’absence de réflexion sur la dimension participative. Bref, on descend de l’info et c’est tout. Une bonne vision médiatique primaire en pleine contradiction avec les notions d’équipe, de collectif, de vivre et faire ensemble que l’on voudrait entendre d’un management moderne.
Un intranet, comme tout système d’information dégage de la productivité car il sert une stratégie et un modèle d’organisation clair, qu’il s’inscrit dans une culture d’usages qui sait tirer profit des immenses effets de levier que les services numériques permettent. Mais si l’on ne respecte pas cela, il ne sert à rien, n’est pas utilisé, ou pire, donc, déstabilise l’organisation et dégrade les relations humaines.
Cet exemple, c’est l’arbre qui cache la forêt. La réflexion sur le modèle et l’organisationnel est rare, la participation tout autant, sacrifiées qu’elles sont sur l’autel de projets vite éjectés. C’est toujours le même constat sur l’absence de décision de s’investir pleinement sur ces chantiers. Les voir comme du simple outillage est lourd de conséquences.

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