05/28/2009

Que reste-t'il de la mobilité ?

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

À l’heure où Nokia démontre que le succès de l’iPhone est bien dans ses applications et un modèle dont la duplication est une vue de l’esprit, il est temps de se demander si le terme de téléphone a encore un sens, et si la notion même de mobilité vaut encore d’être utilisée ?
Chez Homo Numéricus, Piotrr a produit une synthèse utile sur ce que changent les smartphones et surtout l’iPhone. Deux choses frappent dans ce qui se passe.
La première, c’est le déplacement qu’il y a sur les usages. Même si j’admet les particularités de l’environnement dans lequel j’évolue, le fait est qu’il n’y a pratiquement plus que des iPhones. Il y a dans la dépose sur la table de la bête une sorte de rituel de reconnaissance, non pas dans la possession de l’instrument, mais dans la signification qu’on va pouvoir parler usages. L’iPhone, on s’en tape, on veut partager son expérience de telle ou telle application, en découvrir d’autres, on veut faire partie du jeu.
Ce jeu, c’est celui de la quête des super-pouvoir. L’iPhone est une sorte de télécommande géante qui sert à faire de nous des individus augmentés. Téléphoner n’est alors plus qu’une de mes 67 facilités, un instrument parmi les 15 autres par lesquels le peux parler à des gens n’importe où ou presque. Le téléphone a vécu, nous sommes à l’âge de l’accès comme l’a montré Jérémy Rifkin, il y a déjà une décennie, et le réseau permet de faire énormément plus de choses que de parler. Les interrogations d’AT&T sur l’impact de l’iPhone sur son infrastructure suffisent à mesurer qu’il est urgent de faire du terme “opérateur téléphonique” une notion du passé. Je me remémore mon père, travaillant à l’arrivée du numérique dans les années 80 chez FT pour me dire qu’on a vraiment changé de siècle.
Je n’ai pas un téléphone dans ma poche et je ne suis même pas en situation de mobilité car cela fait déjà 12 ans que j’ai cessé d’avoir un ordinateur fixe, emmenant avec moi mon bureau. Avec l’iPhone, c’est juste moins compliqué et moins encombrant pour grosso-modo 50% de ce que je fais tous les jours. Nous ne sommes pas en situation de mobilité ou pas, cela ne veut rien dire. Nous sommes simplement déjà en situation de connexion tout le temps.
Demandez donc aux utilisateurs d’Aka-Aki, qui se servent de leur “téléphone” pour augmenter leur espace social et regardez donc ça pour vous dire que le prochain truc est la disparition de l’écran. Un truc qui n’est même pas prospectif puisque les objets permettant de faire ça sont déjà en mode pré-industriel. Reste quand même la question privative, mais après tout, on sait déjà le projeter sur des lunettes et faire lire les gestes. Le langage des signes a de l’avenir et ce serait amusant que le vrai soit utilisé en alternative du clavier, non ?

Holographic Interface – round interface – Ringo from Ivan Tihienko on Vimeo.

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