01/24/2006

Rencontres haut-débit en Massif-Central

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Hier lundi, c’est en qualité de représentant de Jean-Pierre Limousin, Président de la CCI de Limoges et de la Haute-Vienne que Pierre Perrier de Falco et moi-même nous sommes rendu à St-Gervais-sous-Meymont, en Auvergne. Oui, ça existe, et à part l’église, s’y trouve une magnifique maison du Parc Livradois-Forez où l’ADIMAC organisé une première “Rencontres Haut-débit en massif central”.


Etrange, une réunion pareille au fin fonds de la vallée de la Dore ? Pas tant que ça si on pense que le lieu est dénué de couverture haut-débit et mobile ! Cela n’a pas empêché l’amphi d’être plein à craquer et il faut féliciter l’organisation pour avoir fait venir un beau plateau d’intervenants : des techniciens de haut-vol, tel l’incontournable Alain Ducass, Guillaume Gibert de l’ARCEP ou Alain Veyret d’Ortel, mais aussi Michel Vergnier, Président de Dorsal ou Marc Gauché pour e-tera.

Dans cette réunion, le terme “usages” a beaucoup été utilisé, mais avec peu de consistance, comme quoi on n’a beaucoup avancé. Comme souvent, on a donc beaucoup parlé infrastructure et appuyé les deux grands enjeux actuellement débattus. D’une part celui de la couverture universelle (disons 2Mbs symétrique), d’autre part celui du très-haut-débit (disons 100Mbs), associé à la compétitivité du territoire. On a peu parlé de techno, sauf pour conforter la fibre comme investissement de long terme et pointer les enjeux de l’hertzien pour la mobilité et les compléments de couverture, avec toujours une attente sur le WiMax et surtout ses licences. Bref, le propos fut avant tout d’ordre politique..

La première question pouvait être déjà de savoir pourquoi il avait fallu attendre 2006 pour organiser ce rassemblement, le Massif Central étant l’espace enclavé par essence ! Et bien à observer la diversité d’avancée sur la problématique des différents territoires présents, c’est simplement parce que ce n’est que maintenant que tous ont pris conscience qu’il leur fallait intervenir. Le Tarn s’est lancé avec e-tera dès 1998, Le Limousin, avec Dorsal, ainsi que le département de la Loire sont en réalisation. À l’opposé, une bonne partie de l’Auvergne, notamment le Puy-de-Dôme, le Lot aussi, en sont à commencer à se poser des questions et à sortir de la brume de la Charte des départements innovants.

Bref, il y en a qui ont du pain sur la planche. J’ai donc pris dix ans de moins à entendre les inévitables témoignages d’entreprises en souffrance, le paroxysme étant atteint par une jeune entreprise innovante de sécurité informatique qui n’arrive pas à avoir un accès fibre alors qu’elle est sur une ZA le long de l’A75 et de ses fourreaux, en pleine agglomération de Clermont. Frissons dans la salle ! Même Pierre, étude de cas des problèmes d’accès des PME en zone rurale s’il en est, a jugé qu’en Limousin on n’en était plus là depuis plusieurs années.

Mais les dix ans sont bien là et on les mesure bien à l’aune de l’assurance d’intervenants normalement plus nuancés, martelant des vérités bien senties sur l’impérieuse nécessité pour les territoires de se prendre en main et d’investir durablement et avec grand sérieux leurs enjeux numériques. Alain Ducass s’est beaucoup appuyé sur les arguments sous-jacents à la récente annonce de France Télécom sur la fibre pour montrer la croissance très rapide des besoins et l’accélération des choses. Il a surtout rappelé qu’entre 1998 et 2005, l’accès au réseau est passé de la dernière à la première priorité des français en zone rurale et péri-urbaine. Intéressant pour les prochaines élections locales 🙂

Mais la palme revient au représentant d’Ortel, dont les cartes allaient de paire avec un propos vert et dénué d’une quelconque langue de bois sur la “paupérisation” annoncée de certains départements. Quand un industriel présent a expliqué qu’il avait connecté son établissement roumain en fibre en deux temps trois mouvements alors qu’il n’arrive pas à dépasser un bête ADSL 512k en France, la messe était dite. Accessoirement, signe évident d’absence de débat en Puy-de-dôme, nul représentant de l’opérateur historique n’était présent. J’ai envie de penser pour ma part qu’il est passé à autre chose et c’est ce que je lui souhaite.

Evidemment, derrière ce qui était finalement un éloge au fameux “modèle Limousin”, Michel Vergnier buvait du petit lait en présentant le service public du haut-débit en Limousin et Marc Gauché enfonçait le clou en démontrant le développement d’e-tera, de ses 3000km de fibres et de son raccordement en cours avec les GIX français (260km de liaison pour rejoindre Bordeaux !) afin de se prémunir des tarifs du nouveau duopole FT/Neuf-Cegetel sur le marché des liaisons longue distance. Sortir le trafic du territoire, une problématique clé martelée ce lundi.

Maîtriser son infrastructure, savoir anticiper et faire face aux évolutions d’un secteur télécom en concentration, s’assurer des biens de retours et des compétences pour développer et maintenir son réseau à la page, je pense que ceux qui étaient venu chercher des solutions sont reparti avec la certitude qu’il était plus que temps de s’y mettre et que cela ne se fait pas à moitié !

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