09/22/2004

Un portable pour les étudiants : ça coince…

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations


“Un portable, un euro” est un modèle initié au sein des universités grenobloises, puis Rhône-Alpes avec le PAM, consistant à définir un profil d’équipement adapté (un portable multimédia – Mac ou PC – avec Wifi), à obtenir des rabais des constructeurs ou revendeurs et des prêts bancaires préférentiels. Au final l’investissement amorti sur 3 ans revient à 1€ par jour. cqfd.

Constatant la démultiplication des initiatives universitaires, le ministère a donc pris les devant pour apporter un peu de cohérence nationale. Il était temps d’agir et c’est bien de l’avoir fait, mais le PAM grenoblois était une trop bonne idée et qui plus est une idée simple pour ne pas la généraliser.

Malheureusement, ce qui marche au niveau local ne se généralise pas aussi facilement :

- Premier problème : cette décision est sans doute apparue comme une manière de trancher le débat [49] et les tenants des autres thèses ont pu penser que leurs idées auront maintenant du mal à avancer. Il ne fait de doute à personne que la réponse est plurielle et que “Un portable, un euro” n’en est qu’un bout. Mais, quand on avance d’un côté, cela crée des déceptions ailleurs, surtout quand les choses ont un peu l’air précipitées. Ça coince donc ici et là, entre autres dans certaines filières qui préféreraient que les étudiants disposent quasi gratuitement d’un équipement personnel.

- Second problème : les constructeurs et distributeurs. Le gâteau grenoblois était petit et circonscrit. Le marché national des étudiants et personnels c’est autre chose. En plus, personne n’est jamais parvenu à évaluer l’impact d’une initiative comme “Un portable, un euro”, le marché que cela réprésente pour faire simple. Du coup, certains constructeurs trouvent le ticket d’entrée trop salé et certaines grandes chaînes de distribution se disent qu’elles n’ont pas besoin de la pub du ministère pour monter leur propre offre, rien moins que la FNAC et Carrefour par exemple.

- Troisième Problème : à Grenoble, les initiateurs du PAM avait eu l’intelligence d’associer les prestataires locaux dans le jeu. Le commerce de proximité local était donc un bon sponsor. Avec l’initiative nationale, ce n’est plus le cas.

- Quatrième problème : la communication. On attend toujours le site avec les explications et les offres, ce qui densifie chaque jour un peu plus le brouillard…

Tout cela se traduit donc pas une impression d’amateurisme et les éléments sont donc en place pour un mauvais scénario :

- une visibilité de retour sur investissement incertain pour les opérateurs qui sont entrés dans le jeu

- des francs-tireurs qui positionnent des offres commerciales concurrentes d’une initiative publique (sic)

- une force de frappe communication certainement réduite dans les campus pour ne pas froisser les susceptibilités.

Avec tout cela, il n’est vraiment pas certain que l’opération soit le succès que tout le monde espérait, moi le premier. Car il est plus que temps d’avancer sur ce problème d’équipement. Ça ne se présente pas bien et c’est vraiment dommage.

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