01/09/2005

Vers la fin de la téléphonie fixe, mais pas pour tout le monde

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Il ne vous aura certainement pas échappé que France Télécom négocie actuellement avec le gouvernement une hausse de 23% (rien de moins !) de l’abonnement téléphonique. Rappelons que celui-ci est actuellement à 13€.
Quand on pense que le téléphone fixe est depuis une décennie le fromage qui finance le développement du portable ou du haut-débit, cette hausse est peut-être une façon de tirer sur la pompe en attendant que les offres intégrées en haut-débit ne génèrent les profits attendus, sans doute aussi de compenser l’érosion de ce marché historique.
J’ai quand même envie de penser que c’est aussi un des derniers feux de cette technologie car l’important, c’est que l’on peut s’éviter d’être concerné par le jeu, ce qui n’est pour autant pas permis à tout le monde…


Pour ceux qui disposent d’un accès haut-débit, il est clair qu’il est enfin temps de se poser la question de l’intérêt de cet abonnement.
Considérant votre accès ADSL, ce fameux abonnement et les communications téléphoniques en supplément, vous vous en tirez facilement pour 50€ ras-du-gazon. Face à cela, les offres groupées haut-débit et téléphone illimité inclu offrent la même chose et plus pour 25 à 30€ par mois. Le compte est vite fait. À volume de communication égal, quelqu’un qui dispose d’une offre haut-débit et téléphone inclu paye déjà certainement une facture inférieure à un simple abonné au téléphone fixe.
Evidemment, c’est un peu la jungle et il faut regarder les packages de près et se renseigner. Certains boitiers sont gratuits, d’autres suscitent un abonnement mensuel supplémentaire. Certains intègrent un routeur wifi, d’autres pas. Certains services sont éprouvés, d’autres démarrent un peu dans la douleur (cf la grève de la hot-line wanadoo sur les dysfonctionnement de la LiveBox, dont on a des nouvelles sur Le Monde Informatique aujourd’hui). Certains services sont intégrés, d’autres à la carte, voire avec une tarification au trafic. etc.
Toujours est-il que si ma petite équation économique n’est pas pour rien dans le développement rapide du haut-débit et plus encore des offres groupées, il n’est pas difficile de penser que tout internaute qui se respecte va finir par se dire qu’il jette de l’argent par les fenêtres en regardant son téléphone fixe.
Depuis plusieurs années, le coût des communications baisse, celui de l’abonnement augmente, mais maintenant, certains vont payer ce qui n’est ni plus ni moins qu’une taxe et d’autres non. Une partie de la population, celle en prise avec l’évolution de la technologie et des services va donc basculer vers la téléphonie IP et une tarification forfaitaire quand son coût ne disparaît pas complètement dans un service de fourniture de débit. Une autre partie va rester prisonnière d’un service historique, dont la technologie stagne, mais qui va coûter plus cher. Le comble, c’est qu’alors que dans de nombreux pays, l’abonnement correspond à un forfait de téléphonie locale illimité, cela n’a jamais été le cas en France et ce ne le sera jamais. Le téléphone fixe n’évoluera plus, il est engagé dans un long déclin.
Mais il y a une troisième catégorie. Car encore faut-il avoir le choix précité puisque le territoire national est loin d’être couvert en offre haut-débit, sans parler du dégroupage.
Ici ou là, on peut quand même espérer grâce l’initiative de nos élus locaux. Autant les non-usagers d’Internet ont de bonne chance de ne se rendre compte de rien, autant les victimes de la fracture numérique vont (encore un peu plus) gagner en rancoeur. Leurs élus locaux feraient bien de se préparer à la subir.

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