08/08/2005

Wanadoo, c'est fini

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

France Télécom commence à dévoiler le projet de convergence qu’il a récemment annoncé. À ce titre, la restructuration des marques a commencé avec un petit quelque chose de révélateur.

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Notre géant national des télécoms avait déjà annoncé qu’il s’appellerait dorénavant Orange, sauf en France et plus globalement sur la téléphonie fixe.
France Télécom a pris ce nom alors que l’entreprise était encore publique et avec une forte culture du service public auquel elle a succédé. Vous savez que c’est incroyable le nombre de gens que l’on croise qui fonctionnent encore sur cette base, notamment parmi nos élus et décideurs locaux. Il est donc judicieux pour l’opérateur de conserver cette bonne vieille identité à forte valeur nationale, cela évitera que le troupeau s’interroge sur le caractère privé, capitaliste, voire mondialisé du successeur des PTT.
L’autre changement, et non des moindre, c’est la disparition annoncée de Wanadoo, au profit encore une fois d’Orange. Maintenant que France Télécom s’est lancé à fond dans la convergence et à l’heure des premières annonces, il est clair qu’il y a une marque de trop. Wanadoo est trop franco-française et ne bénéficie pas du même capital de sympathie. Je fait partie de ceux qui ne la regretterons pas.
Quand Michel Bon a décidé d’acheté Orange en pleine bulle Internet, c’est vrai qu’on trouvait le nom sympa. Voilà en tous les cas un exemple atypique où c’est l’identité de la proie qui survit à son prédateur. Amusant.
France Télécom bouge. Il fait converger fixe, mobile et haut-débit, se positionne sur le segment très convoité et déjà très encombré des outils pour faire circuler audio, photo et vidéo sur l’électronique de la maison.
Mais je ne pense pas que ce soient la concurrence française qui le stimule plus que ça. Celle-ci subit un cadre de dérégulation encore timide, qui protège l’ancien monopole et bride leur développement. Lorsque FT a obtenu la hausse de l’abonnement, c’était en contrepartie de baisses substantielles, notamment en direction du développement du dégroupage. La hausse, on l’a bien vu, la baisse des frais de dégroupage, les opérateurs l’attendent encore. Ils en sont réduits à porter plainte, sont rejoints par le consommateur dans ce combat, et tout cela ne fait que marquer la frilosité du régulateur et derrière lui des politiques à aller de l’avant. Les étranges histoires autour de la fameuse note de Thierry Breton ces derniers jours en sont une illustration et accessoirement un exemple de plus des étranges pratiques de notre beau pays quelque part entre maroquins et grands groupes.
Non, c’est l’international qui oblige FT à bouger. Il nous vend de l’innovation, moi je trouve qu’il fait surtout du suivisme de ce qui se passe ailleurs, en asie ou plus près de nous en Grande Bretagne (cf un billet précédent). À l’heure ou Murdoch a failli mettre 3 milliard d’euros pour racheter un Skype fringuant et ses 42 millions de clients, il est sûr que les services convergents sur IP sont la tendance du moment.
Le bon vieux France Télécom garde une main ferme sur cette bonne veille paire de cuivre hexagonale qu’a payé le contribuable en son temps, elle va lui pomper un peu plus d’un milliard d’euro de plus par an dans le porte-monnaie. Les procès ne font que laisser le dégroupage total un peu plus dans le domaine du rêve, la concurrence végète et pendant ce temps Orange bénéficie – seul – de ce terreau privilégié pour nous vendre des services qui se développent si bien dans les climats concurrentiels des autres pays. Cette situation est de la belle ouvrage ou je ne m’y connais pas !

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