05/22/2005

Y-a-t'il quelqu'un pour parler des usages ? (2)

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Second épisode de ma petite série sur les usages.
Cette semaine : à la recherche de l’approche usages dans la blogosphère …


S’il est un sujet qui n’a véritablement d’intérêt que par ses pratiques et ce que l’on en fait, c’est bien les blogs. Et pourtant, les querelles de chapelle y nourrissent de puissant brasiers et l’intérêt porté aux usages semble essentiellement susciter plus de questions que de réponses quand ce n’est pas un ennui poli. Il est à ce titre et à mon avis assez révélateur de voir les torrents de boues déversés récemment sur des initiateurs d’événements généralistes sur les blogs. Sans nier la compétition de marchands de pelles que cela révèle, cela revient quand même à considérer que le propos ne peut être que techno et qu’il n’y a pas d’intérêt à parler de ce que l’on en fait.
Dans les commentaires de l’épisode 1 de cette trilogie sur les usages, certains ont à juste titre mentionné que les usages sont pourtant bien là, notamment comme élément initiateur que l’on oublie bien vite. C’était le cas pour les SMS et il en est de même des blogs.
Au départ, il ne s’agissait que d’un modèle de présentation de l’information basique assis sur un CMS simplifié. Cette simplicité a trouvé un public car elle servait parfaitement à la fois la réflexion et le désir d’expression. Le modèle a séduit et fait boule de neige via l’émergence d’une offre diversifiée de moyens de mise en oeuvre. C’est donc bien l’usage qui a fait émerger le blog en tant que modèle et qui en a massifié l’utilisation au point de favoriser un marché des technologies et des services.
Pour autant, quand on ne parle pas de technos, on ne parle pas pour autant d’usages. Comme au bon vieux temps de la bulle, on commence par se féliciter de la croissance du nombre d’utilisateurs, puis on disserte sur les vertus des modèles économiques qui ne manquent pas de fleurir comme les pâquerettes au printemps.
Cela n’est évidemment pas sans intérêt. Les échanges portant notamment sur “la longue queue” sont passionnants et les initiatives et tribunes en faveur d’un Internet plus appropriable et ouvert sont bienvenus, même si c’est à mon avis présomptueux de parler d’un “Internet II”.
Mais encore une fois, la réflexion sur les modèles ne répond pas à la question. Point d’analyse avancée des pratiques, seuls vivent des constats quantitatifs de progression du nombre d’utilisateur.
Maintenant, les plateformes de blogging ont fleuri comme pissenlits en avril, il est à la fois révélateur, quelque part pathétique mais surtout amusant de voir leurs initiateurs tellement dépassés par la vague qu’ils en arrivent, après coup, à s’interroger sur ce qu’ils sont devenus. De même, les échanges parfois vifs au sein de la sphère médiathique. Après avoir tenté d’ignorer le phénomène, puis observé celui-ci avec distance, manifesté de la réfraction, l’enjeu est maintenant de savoir comment l’intégrer malgrès tout quand ce n’est pas en tirer profit. Dans les deux cas on reboucle sur les discussions de modèles économiques et on ne s’interroge pas sur les ressorts du phénomène.
Il est donc peut-être sérieusement temps de réfléchir sur ce qui participe des usages des blogueurs ou des non-usages des blogs. Déjà, qui sont-ils ? qu’est-ce qui les motive ? quel sont les cycles de vie des blogs ? qu’est-ce qu’attendent les blogueurs de cette pratique ? À ce titre, on nous parle beaucoup de gagner de l’argent avec son blog, est-ce bien le but ? Plutôt que de théoriser sans fin, est-ce qu’on ne pourrait pas enfin aller regarder ce qui se passe ?

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