26/07/2007

Robert Cailliau le web est franco-belge

Author: Manuel Diaz

Le monde daté du Mercredi 25 juillet nous offre un portrait très intéressant d’un des hommes sans qui le World Wide Web n’existerait peut-être pas. Robert Cailliau (Belge de naissance : on a pas fini d’en entendre parlé…) en collaboration avec Tim Berners-Lee a permis l’apparition et la naissance de ce que des millions de personnes utilisent quotidiennement : le W.W.W. et ses services associés : sites, mail, messagerie instantanée etc.


Comme tout outil, il est tout d’abord né d’un besoin : partager des fichiers au sein du CERN (Organisation Européenne pour la recherche nucléaire). C’est ainsi que nos deux compères TBL et RC, mettent au point en 1990, les 3 fondements du W.W.W. : les URL (Adresses web), le HTML (langage hypertexte) et le HTTP (protocole de transfert hypertexte).
Robert Cailliau précise quelques points qui permettent de justifier l’extraordinaire réussite de cette invention :
“Les deux conditions d’une popularisation rapide de notre norme était le libre accès de tous et la gratuité, à l’écart de toute considération marchande”
“Nous avions mis au point les interfaces à écran tactile, les réseaux de commande, les arborescences… c’est au CERN qu’a été menée cette révolution qui n’avait pas d’égal ailleurs”
Parlant des 3 piliers de cette norme : “C’est un jeu de règles de comportements, assez semblables à celles qui servent à établir les conditions d’un échange compréhensible par les deux interlocuteurs dans le cadre d’une communication téléphonique”.
L’évolution du web actuel l’inquiète, notamment sous ses aspects de centralisation des données personnelles, les mondes virtuels où qu’il ressent comme autant de spères vituelles d’isolement. Enfin il redoute un réseau aujoud’hui envahit par la logique marchande, qui n’enrichirait plus ses utilisateurs mais ses maîtres.
En dehors de la fierté que je ressens quand j’ai l’occasion de faire comprendre à un américain que le web, c’est certes génial mais que c’est une invention française… (et un peu belge 1 fois : petit bonjour aux cousins d’emakina au passage).
Je comprend tout à fait l’état d’esprit de RC qui a participé à un outil qui a permis de rapprocher les peuples en brisant les frontières grâce à un espace de liberté où chacun peut s’exprimer presque librement. Il doit être difficile ensuite de voir à quel point cette merveille vous échappe et prend des directions que l’on ne souhaitait pas au départ…
Toutefois j’avoue que même si je partage quelque peu son inquiétude concernant les données personnelles, j’avoue être beaucoup plus optimiste sur les mondes virtuels et l’aspect mercantile du web.
Pour ce qui concerne les données personnelles, cela fait bien longtemps que je milite pour des outils gérés par l’utilisateur et dont il reste pleinement propriétaire qui lui permettent de s’identifier et le cas échéant d’accepter ou non de transmettre certaines données personnelles. Tout ceci rejoint une problématique qu’il faudra bien mettre un jour sur la table de façon tangible (sans en faire un simple outil de communication) : l’identité numérique universelle.
Que le simple fait d’installer une barre d’outil et de cocher une case permette à un moteur de recherche public d’indexer tout le contenu de son disque dur est une abération, de même que des outils de partage de photos ou de vidéos considère que le statut par défaut d’un élement est avant tout public au lieu de demeurer privé et d’être ensuite passé en mode tout public ou semi privé…
Mais ces différents éléments vont évolués un jour ou l’autre, car comme tout écosystème le web évolue au gré de ses usages et s’adapte à ceux-ci.
Pour les mondes vituels, il me semble que nous voyons naître à travers ces univers électroniques le potentiel du web de demain (c’est assez drôle car c’est le sujet de l’une de nos discussion du repas de ce midi où les avis étaient très partagés). Si je suis d’accord sur le fait où second life est tout sauf un aboutissement, il me semble qu’il comporte tous les éléments pour donner naissance, demain, à ce que peut devenir le web. C’est la rencontre d’un univers informationnel plétorique et de la virtualisation d’un monde de plus en plus compliqué, la rencontre des données et des animations, des contenus et du jeux etc.
Pour que ces univers prennent un peu de consistance, il manque encore bien des choses :
* l’amélioration des interfaces visuelles : quand on voit street view chez google on se dit qu’il ne sert plus à rien de virtualisé le monde qui nous entoure alors que l’on peut avoir le vrai… il reste peut-être la part de rêve qui pourrait alors s’exprimer dans une extension : peupler mars virtuellement ne devrait pas être très compliqué… 😉 De même, des avatars qui puissent être la parfaite transposition de notre enveloppe pourraient permettre d’aller encore plus loin…
* les références liées aux sens, car si l’ouïe et la vue se régalent sur le web à travers nos interfaces, il n’en va pas de même pour l’odorat (cela est parfois plus prudent, mais de ce côté là les choses évoluent très nettement), le touché (des gants permettent aujourd’hui de ressentir des textures, etc.) et le goût ( qui sera certainement plus compliqué à mettre en oeuvre même s’il peut devenir le résultat d’une suggestivité.
Mais on se dirrige alors vers de la réalité augmentée… et il faudra déterminer où est la limite entre cette réalité améliorée et les mondes virtuels si toutefois il y en a une.
Pour ce qui concerne l’aspect mercantile, il me semble que c’est là la même problématique que celle que recontrent les “libronautes”. En effet, quand on passe son temps libre à participer au développement d’un projet en open source et que l’on observe ensuite son utilisation dans un but commercial, il n’est pas toujours simple d’accepter cet état de fait… mais n’est-ce pas là la rançon de la gloire ?
C’est justement cette ruée commerciale sur le net qui en fait une vraie réussite. En tout cas cela démontre que le web est une réussite, ce qu’il en adviendra à cause ou grâce à cela est bien difficile à imaginer. Les plus pessimistes parlent d’un web à 2 vitesses, l’un professionnel et l’autre plus destiné à des usages de particuliers : je n’y crois pas, ce serait revenir en arrière et mettre en danger ce qui fait aujourd’hui sa réussite : un niveau de services égal pour tout internaute quel que soit son profil.
Si l’on enlève aujourd’hui tout l’aspect commercial sur le web est-on sûr que sa formidable évolution continuera ? Les services mettant en oeuvre du commerce en ligne ne sont-ils pas un des principaux atouts du web d’aujourd’hui ? Nous sommes dnas une société marchande et je suis certain qu’un outil comme internet s’il peut infléchir les codes d’une société doit reposer sur les fondements de celle-ci pour réussir, c’est en tout cas ce qui se passe aujourd’hui.
En tout état de cause, ce qui est important dans cette interview, c’est que le web est franco belge et un peu américain (TBL)… 😉

gallery image